Dans un musée il y a ce que le public voit et tout ce qui se passe en coulisses, c’est-à-dire un travail que la plupart des gens ne voient pas. Ce travail « invisible » est cependant celui qui demande le plus temps et de personnes pour gérer correctement un musée en vue de la préservation-conservation, de l’étude et enfin la mise en valeur de ses collections. Du bon fonctionnement de ce travail en coulisses dépend le bon fonctionnement de la partie « visible » d’accueil du public.

A ce titre, le confinement (de novembre 2020 jusqu’à mai 2021) présente un certain avantage, puisqu’il permet de donner un coup d’accélérateur à certaines tâches menées sur du plus long terme en temps normal d’ouverture journalière : par exemple le récolement des collections et le nettoyage des vitrines de la Galerie Renaissance.

Un musée, mais qu’est-ce-que c’est ?

Selon la définition de l’International Council Of Museums,« Un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation. » – Statuts de l’ICOM art.2 §.1

Le musée de Préhistoire du Grand-Pressigny possède en outre l’appellation « Musée de France ». D’après la loi du 4 janvier 2002, « est considéré comme « Musée de France » toute collection permanente composée de biens dont la conservation et la présentation revêtent un intérêt public et organisée en vue de la connaissance, de l’éducation et du plaisir du public » (Art. L. 410-1.)

https://www.culture.gouv.fr/Aides-demarches/Protections-labels-et-appellations/Appellation-Musee-de-France

D’un côté, un musée est une collection présentée dans une structure d’accueil du public auquel on propose de découvrir un ensemble d’objets permettant d’aborder des thèmes précis, en l’occurrence ici : la Préhistoire. Cet accueil du public comprend donc les collections qui sont présentées, enrichies des reconstitutions, des ateliers participatifs, des démonstrations et des visites guidées.

Visite guidée avec les scolaires (janvier 2019)

Ajoutons à cela des journées thématiques (Nuit des Musées, Journée du Patrimoine), des conférences et des expositions temporaires, prolongeant encore son immersion dans le passé.

De plus, les réseaux sociaux, animés de façon régulière, permettent de rendre visibles les activités proposées par le musée en atténuant la barrière de l’éloignement géographique, tout en continuant le travail de médiation qui y est mené (cela étant encore plus vrai en temps de confinement).

Afin d’approfondir ses connaissances, des ouvrages de vulgarisation scientifique sont accessibles en boutique ainsi que des souvenirs, jeux et jouets pour les plus jeunes toujours choisis en rapport avec la thématique du musée et les connaissances scientifiques.

De l’autre côté, pour que sa partie « visible » fonctionne, il y a tout un travail « invisible » qui doit être mené en permanence :

  • Un travail sur la gestion des collections (exposées et en réserve) pour leur conservation, restauration, nettoyage, étude, inventaire et récolement. Il permet aussi la gestion des mouvements des collections lors de prêts entre structures dans le cadre d’exposition, leur étude ou leur restauration.
  • La gestion des bâtiments mêmes et des espaces extérieurs (sécurité des personnes et des collections, et accessibilité au plus grand nombre de visiteurs dont les publics empêchés).
  • Un travail régulier sur la muséographie (mise en place de nouveaux objets, création de la salle du campement, etc.) et sur les ateliers et démonstrations proposées (création et évolution, acquisition et préparation de matériaux, etc.), qui va de pair avec une mise à jour régulière des connaissances sur la Préhistoire afin de tenir un discours cohérent vis-à-vis des données scientifiques et archéologiques (actualités de la recherche, ouvrages récents, etc.)

Préparation du laboratoire pédagogique (juillet 2019)
  • Une implication dans des projets pédagogiques (classes patrimoines, formation des enseignants, …) mais aussi dans des projets scientifiques : accueil de chercheurs, stagiaires et étudiants ; participation à des programmes de recherches.
Formation des professeurs d’Histoire-Géographie, atelier « Evolution » (mai 2018)

  • Un travail de fond sur les expositions temporaires et l’événementiel (muséographie, demande de prêts d’objets, travaux d’installation, contact avec des intervenants extérieurs, etc.)
Préparation de l’exposition temporaire « La Femme dans la Préhistoire » avec Isabelle POINOT, scénographe (février 2017)
  • Gestion et suivi des appellations, marques et/ou labels (Musée de France, Tourisme et Handicaps, Qualité Tourisme, Musée joyeux, Accueil vélo), qui demandant des aménagements ou des missions particulières.
  • Gestion de la boutique et de la régie (inventaire, gestion des stocks, commandes, etc.).
  • Formation et mise à niveau régulière des agents (accueil des publics, sécurité/évacuation/extincteurs, habilitation électrique, anglais, etc.), la régie (inventaire, gestion des stocks, commandes, etc.).
  • Gestion des réseaux sociaux (suivi hebdomadaire, calendrier de publications et recherches et rédactions de celles-ci), du site internet, de la bibliothèque.

Le récolement et la couverture photographique des collections, un exemple de travail dans les coulisses

Comme nous l’avons cité plus haut, l’une des missions du Musée de Préhistoire est la gestion des collections qu’il abrite, que celles-ci soient exposées ou stockées dans ses réserves. Cette gestion comprend un suivi régulier de l’état de conservation des vestiges archéologiques, ainsi qu’un travail d’inventaire et de récolement, règlementé par l’Etat.

En temps normal, le Musée ouvrant ses portes presque tous les jours au public, ce travail n’est pas ou difficilement réalisable sur les collections exposées, notamment dans la Galerie Renaissance. D’une part la conception même des vitrines de cet espace mobilise au moins deux personnes pour permettre leur ouverture. D’autre part, chaque vitrine contient plusieurs dizaines d’objets, voire plus d’une centaine, et demande donc du temps pour réaliser un suivi correct. C’est pourquoi le second confinement en novembre 2020 a présenté un grand avantage, celui de pouvoir mettre en place ce chantier de gestion des collections dans cet espace particulier, qui consiste en un récolement des collections exposées accompagné de prises de vue de celles-ci ainsi que d’un nettoyage complet des vitrines.

Ouverture d’une vitrine de la Galerie Renaissance (novembre 2020)

Tous les musées labellisés « Musée de France » sont soumis au récolement tous les 10 ans. Il consiste à vérifier que les objets inscrits sur l’inventaire sont toujours présents mais également leur état de conservation (faut-il un nettoyage, une restauration, un nouveau marquage ?). Cette action nécessite de manipuler délicatement les objets, pour inspecter leur intégrité et retrouver le marquage du numéro d’inventaire, ce qui permet aussi d’avoir accès au fond de la vitrine pour du nettoyage et parfois consolider le soclage (notamment pour les éléments exposés sur les parois verticales).

Ce récolement s’accompagne de prises de vues des objets sortis de leur vitrine. En effet, certains d’entre eux n’ont pas bénéficié, lors de leur installation, de photos individuelles ou de détail. D’autres l’ont été, mais avec des moyens photographiques de moins bonne qualité que ceux d’aujourd’hui. Cette couverture photo sera intégrée dans le logiciel Flora dédié à la gestion des collections. Elle va permettre d’effectuer un suivi dans le temps de l’état de conservation des objets. De plus, elle pourra être mise à disposition de chercheurs ou étudiants, dans le cadre d’études ou publications scientifiques, et d’actions de communication ou, bien évidemment, sur nos réseaux sociaux.

Bref, un musée de France tel que celui du Grand-Pressigny doit respecter toute une discipline pour répondre aux missions de préservation et de mise en valeur du patrimoine qui lui sont confiées. Et une très grande partie de ces missions est faite en coulisses, au quotidien, par des agents formés et sensibilisés à l’importance et à la fragilité de ce patrimoine.